Journalisme : Interview de Lük Déma, dessinateur, pour STRADA - mars 2019
Relisez l'interview de Lük Déma par Azelma Sigaux pour le magazine Strada en mars 2019.
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3/20/20193 min temps de lecture
En tant que rédactrice pour le magazine Strada, j'ai eu le plaisir et l'honneur d'interviewer l'illustrateur Lük Dema. Cet ingénieur forestier est un dessinateur hors pair qui a pour spécialité les forêts et les paysages imaginaires, réalisés essentiellement à l'encre de chine.
LA FORÊT COMME MOTEUR
Lük Déma dessinateur est né en 1964 au Maroc. Il s’est installé depuis plusieurs années en Haute-Loire après de nombreuses escales internationales. Lük Déma s’inscrit sans nul doute parmi les artistes hors pair du département.
Sa singularité n’est pas seulement due à son immense talent de dessinateur, ou à son parcours atypique. Ce qui frappe en premier, lorsque l’on rencontre Lük Déma, ce sont avant tout son extrême humilité et son humour pince-sans-rire. Plus fou encore : lorsqu’il s’agit de se dévaloriser, le brillant illustrateur n’y va pas par quatre chemins.
C’est ce que j’ai pu constater lors de notre entretien, dans son étonnante maison sur les hauteurs de Vals-près-le-Puy. Après m’avoir présenté avec admiration l’incroyable architecture des nids de guêpes accrochés aux lavandes de son jardin, comme un historien passionné devant un monument ancien, cet amoureux de la nature et des vieilles pierres m’a finalement fait entrer dans son salon. La pièce, chargée d’immenses plantes vertes et de dessins originaux, laisse sans voix. Pour autant, chaque fois que je m’intéressais à l’un de ses dessins accrochés aux murs, Lük Déma s’excusait presque de ne pas l’avoir « mieux » réalisé. Et même si je connaissais déjà son travail de précision, je n’ai pu que m’émerveiller à nouveau devant tant de détails, de profondeur et de poésie. Ses arbres, ses ruines et ses personnages s’apprécient de loin et se savourent de près, millimètre par millimètre d’encre de chine. Un sirop de menthe fait maison me fut servi avant d’entamer l’interview.
LE DESSIN : UNE VOCATION
Azelma Sigaux : Je sais que tu n’es pas originaire de Haute-Loire. T’y plais-tu ?
Lük Déma : En effet, j’ai passé mon enfance dans la garrigue, à Fréjus, juste avant la sur-urbanisation des années 1970. J’ai suivi ma compagne en Auvergne et je ne regrette absolument pas. Les forêts altiligériennes m’ont tout de suite attiré et je ne suis pas prêt de les quitter.
AS : Comment en es-tu venu au dessin ? As-tu pris des cours ?
LD : Je m’y suis mis tout petit. Au début, je dessinais n’importe quoi et surtout très mal.. Mais en s’acharnant, à force, on devient moins mauvais. A 15 ans, j’ai fait mon premier dessin « réaliste ». En voyant de quoi j’étais capable, mes parents étaient prêts à me payer les Beaux-Arts. Mais moi, je voulais faire de la paléontologie. Je n’ai donc suivi aucun cours de dessin. Je me souviens qu’un voisin peintre m’avait conseillé de bosser dans la pub. Heureusement, je n’ai pas donné suite.
AS :Pourquoi « heureusement » ?
LD : Parce que je déteste dessiner sur commande sauf si l’inspiration vient immédiatement.
Lük DEMA Chêteau et oiseau
AS :Des artistes t’ont-ils inspiré ?
LD : Oui, plusieurs. Le premier à m’avoir accroché quand j’étais petit, c’est Harold Foster, avec sa B.D. « Prince Valiant ». Le graphisme de ce type est inouï. Mon envie de faire du noir et blanc vient peut-être de là. Vers mes dix ans, on m’a offert un recueil de gravures du XIXème siècle, « Le tour du monde ». Les œuvres qui y sont rassemblées ont provoqué en moi un flash, un coup de cœur absolu. J’ai alors découvert tous ces génies oubliés, et ça a boosté ma motivation. Mais ma principale source d’inspiration, en fait, c’est la forêt.
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