La guerre est finie. Dès demain, il va falloir ressortir. Maintenant que l’économie s’est effondrée, que la nature a repris ses droits, qu’on ne risque plus de tomber malade, deux choix s’offrent à nous. On peut tout reconstruire comme avant, se tuer à la tâche pour tenter de récupérer un semblant de vie, obéir aux ordres aveuglément, reproduire le même modèle, effacer la dette. Sinon, on peut tenter autre chose : construire un nouveau monde, éviter de répéter les erreurs du passé. Et au passage, faire payer l’addition à ceux qui nous ont menés dans cette galère. Mais pour ça, il va falloir accorder nos violons. Entre le pangolin et les labos pharmaceutiques, il y a un choix à faire. On ne pourra pas condamner tout le monde. À moins que la cause de tout ce fatras se situe plus loin… Au-delà d’un petit animal ou d’une seule institution… Je me demande si ces deux là ne cachent pas autre chose, en fait. Un mal plus ancien. Plus global. Car après tout, un virus se propage plus rapidement quand rien ne lui fait barrage, quand tous les corps se ressemblent. Aurait-on laissé filer cette diversité qui nous protégeait tant ? Je repense aux anciens modèles de confinement, avant le virus. Les confinés, c’était ces animaux d’élevage, entassés dans des prisons à viande. C’était ces monocultures, parquées dans des champs stériles, à perte de vue. C’était ces hommes, cloisonnés dans des camps, ou derrière des barbelés. Et paradoxalement, c’était la société mondialiste, où tout circule, sans limite. Où on devait commander des foutus masques en papier à l’autre bout de la planète, et ne pas être livrés à temps. C’était le confinement des libertés.
Voilà que je m’égare. Trop de solitude, peut-être. Trop de reportages TV.
En tout cas, dans les documentaires animaliers – et Dieu sait que je m’en suis tapé – j’ai appris des trucs. Par exemple, les biologistes expliquent que dans l’évolution, les seules espèces qui ont survécu sont celles qui ont su s’adapter.
Bon. Pour ma dernière soirée, je vais laisser la fenêtre entrouverte. Histoire de faire un premier pas vers ma nouvelle vie. Tant pis si un ours veut squatter ma chambre à coucher.
‘Faut s’adapter, la guerre est finie.