Je suis la fille de Jacky Sigaux. Pour ceux qui disent avoir mené une enquête et révélé des faits secrets, je tiens juste à leur dire qu’il suffit de taper mon nom sur Google pour le voir apparaître sur ma fiche d’informations, en première page des résultats de recherche. Si j’avais voulu cacher cette information, j’en aurais fait la demande à Google, ou j’aurais pris un pseudo. Qui est Jacky Sigaux ? Un auteur, excellent d’ailleurs. C’est avant tout un comédien, qui a démarré au Café de la Gare, théâtre construit par ma famille. Il s’agit d’un lieu aux idées anarchistes et globalement de gauche. Jacky Sigaux et les autres membres de ma famille ont donc noué des relations amicales avec Coluche et Romain Bouteille (dont les convictions libertaires n’échapperont pas à mes collègues de la fédération anarchiste), par exemple.
Puis, mon père a été embauché comme régisseur son pour Elie et Dieudonné, un peu par hasard. Les choses ont fait qu’il a continué de travailler avec Dieudonné, en parallèle à son activité principale d’auteur. Actuellement, il quitte progressivement ses fonctions de régisseur, ne participant plus qu’à très peu de représentations. Jacky Sigaux a un casier judiciaire vierge, il n’a jamais été antisémite et n’a d’ailleurs exprimé aucun propos qui pourrait le qualifier d’extrême-droite. Or il a subi plusieurs agressions physiques et morales ces dernières années, uniquement à cause de son emploi. Son père, mon grand-père donc, était un écrivain. Il a notamment travaillé avec des auteurs talentueux et humanistes, tels que Colette, Georges Simenon ou encore Marcel Aymé. Gilbert Sigaux était d’ailleurs membre de la LICRA (Ligue Internationale Contre le Racisme et l’Antisémitisme) après la guerre, et ce durant plusieurs années. Ma grand-mère paternelle a quant à elle énormément œuvré pour la cause juive. Elle n’a pas hésité, du haut de ses 1m60, à porter l’étoile jaune dans les quartiers juifs parisiens pendant la guerre, ou à transporter des messages dans son chapeau.
En vous racontant ces détails, qui ne devraient pas être importants, je joue le jeu des détracteurs. Celui de s’intéresser aux positions des membres de ma famille pour me juger moi. Alors il se trouve que mon père n’est ni antisémite ni fasciste (il suffit de se pencher sur ses œuvres aux messages écologistes, anti-capitalistes et pacifistes). Mais si celui-ci avait été un horrible personnage, cela aurait-il, de fait, discrédité ma propre personne ? Cela m’aurait-il immédiatement mise dans la case « extrême droite » ou « infréquentable » ? Cela aurait-il supprimé ma légitimité à m’exprimer, à écrire des livres ou des articles ? Si le simple fait d’être la fille d’untel ou untel était condamnable, alors il faudrait que je renonce à faire des enfants, car ceux-là verraient leur liberté d’expression bafouée d’avance, et leur potentielle carrière, détruite avant même d’avoir été construite.
Pour en revenir à mon histoire personnelle, voici quelques mises au point. J’ai donc connu Dieudonné quand j’avais 8 ans. Je le connais comme l’employeur de mon père, et je n’ai jamais été la « régisseuse de Dieudonné », comme j’ai pu le lire récemment. L'entourage récent de Dieudonné, la relation qu'il entretient avec l’argent et les idées qu’il développe désormais dans ses vidéos, je ne les partage absolument pas. C’est d’ailleurs pourquoi je ne vais plus voir ses spectacles. Pour autant, quand Dieudonné a partagé le lien vers mon site internet en 2017 sur sa page Facebook, chose qu’il est libre de faire, je l’ai évidemment remercié en commentaire. Et je ne vois pas comment j’aurais pu agir autrement. Lorsque quelqu’un nous salue dans la rue, faut-il lui demander pour qui il a voté avant de lui rendre son bonjour ? Faut-il rester courtois qu’avec des gens du même bord politique ? Si tel est le cas, alors nous ne serions courtois qu’avec très peu de personnes. Du moins, pour ma part.
Car je suis une militante pour différentes causes, et ce depuis toute petite. C’est ainsi, les causes pour lesquelles je lutte sont multiples, mais elles se rejoignent évidemment en un point: l’anti-libéralisme. Je suis anarchiste et j’ai des idées de gauche. Je suis contre le racisme sous toutes ses formes, je suis antispéciste et écologiste. Je suis également gilet jaune depuis le début du mouvement, et je suis surtout auteure. Mes romans, et vous pourrez le vérifier en les lisant, abordent tous ces sujets et bien d’autres. A travers mes romans, je transmets des messages de paix (car je suis antimilitariste), de tolérance, de désobéissance civile, de protection animale et d’écologie. Dans mes textes publiés par Le Monde Libertaire, je montre clairement ma position en faveur de l’accueil des migrants, contre l’idée de la propriété, pour l’écologie et contre le communautarisme. Je donne le défi à quiconque de trouver un seul propos de ma part qui pourrait être classé « extrême-droite », « fasciste » ou « antisémite ». Je me considère même comme un peu trop utopiste aux yeux de mon entourage.
Pour finir, je souhaite clarifier mon positionnement vis-à-vis des médias. Car j’ai vu que le fait d’avoir été interviewée par RT France et Teddyboy RSA avait été mal perçu. Tout d’abord, je ne vois pas en quoi Russia Today, du fait que la chaîne soit financée par le Kremlin, soit plus à boycotter que TF1 ou BFM TV, dont les propriétaires milliardaires s’adonnent régulièrement à l’évasion fiscale. Ensuite, selon moi, aucune invitation n’est à décliner, aucun média n’est à boycotter, tant qu’il est possible de rester soi-même et tant que l’on reste cohérent. Sur RT France, j’ai pu m’exprimer sur mes livres, sur l’écologie ou encore sur les gilets jaunes. Quant à la chaîne Youtube de Teddyboy RSA, clairement identifiée comme nationaliste (et il ne s’en cache pas), elle m’a laissé la possibilité d’apporter mes propres opinions à un public dont les idées s’opposent aux miennes. Une opportunité, selon moi. Celle de ne pas rester cloîtré en permanence dans des cercles fermés, dont les opinions ne divergent pas. S’adresser à des nationalistes, quand on est pour l’ouverture des frontières et l’abolissement des drapeaux, est une action enrichissante. En l’occurrence, lors de cet entretien, nous avons pu échanger nos points de vue sur le financement des artistes, la publication d’un livre, mais également sur le féminisme. A ce sujet, je reste claire sur ma position : je suis antisexiste et me battrai toujours contre les discriminations, quelles qu’elles soient, y compris sexuelles, mais je ne cache pas mon opposition aux féministes extrémistes des pays occidentaux, et aux dérives misandriques qui en découlent. Pour plus d’informations à ce sujet, je vous invite à lire mon texte « Quand le « Pro » génère l'« Anti », publié sur mon site internet. Enfin, si je passe régulièrement chez RT France, c’est tout simplement parce qu’il s’agit de l’un des seuls médias à me laisser m’exprimer, et je remercie chaleureusement la chaîne.
Voilà, j’espère que cette lettre ouverte permettra aux internautes et autres intéressés d’y voir plus clair. Libre à vous de vous forger votre propre opinion. J’insiste sur le fait qu’on ne construit aucun avis sur un auteur sans avoir lu ses textes. C’est la base. Pour ce qui est de mes opposants politiques et idéologiques (je pense tout particulièrement aux chasseurs), je vous conseille de trouver d’autres arguments que ceux des liens filiaux. Il y a tant à discuter sur la biodiversité et la chasse, ce serait dommage de passer à côté.
Azelma SIGAUX